Après trois jours de débats stimulants sur les dernières tendances et les progrès les plus récents en matière de gestion des frontières et de la chaîne logistique TI, la Conférence & Exposition 2017 de l’OMD sur la TI s’est achevée le 9 juin. L’annonce faite par le Secrétaire général de l’OMD, M. Kunia Mikuriya, de rendre public le code source du Système de ciblage du fret (SCF) de l’OMD et de le placer sur une source ouverte avant la fin de 2017, a reçu un accueil très favorable de la part des participants à la conférence et a été largement médiatisée.
Plus de 550 délégués venus de plus de 80 pays se sont réunis à Tbilissi (Géorgie) pour participer à l’un des événements majeurs de l’OMD, qui a été accueilli à la fois par l’Administration fiscale et par le ministère des Finances de Géorgie. La conférence a reçu le soutien de plus de 40 commanditaires et exposants, dont Smiths Detection, sponsor institutionnel ; 73 orateurs ont pris la parole à l’occasion de huit discours clés, 14 tables rondes et plusieurs panels. Alors que l’on célèbre l’année de “La femme dans la douane”, l’égalité des genres est restée l’un des objectifs prioritaires de l’OMD puisque la moitié des 16 animateurs était des femmes !
La première session a été consacrée au commerce en ligne (e-commerce) alors que les gouvernements élaborent des stratégies visant à soutenir le développement exceptionnel de cette nouvelle forme de commerce. Les participants ont examiné la portée du e-commerce, ses avantages ainsi que les difficultés auxquelles sont notamment confrontées les autorités aux frontières. La question majeure est de savoir comment les douanes et les pays peuvent améliorer leur soutien aux services rendus à la clientèle tout en tenant compte des risques potentiels.
Le Secrétaire général de l’OMD, M. Kunio Mikuriya, a insisté sur le fait que le e-commerce change la donne autant pour le secteur privé que pour la douane. Il permet aux MPME de rejoindre la chaîne de valeur mondiale mais aussi à de nombreux acteurs spécialisés dans la circulation des biens aux frontières de se faire connaitre. Parmi les autres questions abordées, on nota les infractions aux DPI, les problèmes de sécurité et les fuites de recettes.
Les orateurs ont admis que le commerce classique connaissait actuellement une perte de régime alors que le e-commerce, en plein développement, aura un impact sur la logistique et dans de nombreux autres secteurs. Il contribuera également à la réduction des écarts entre les pays et les économies, laissant davantage de place à l’équité et à l’ouverture dans le commerce international et à une fiscalité plus juste. Mais les grandes questions soulevées portaient sur le manque de données et leur qualité médiocre, ce qui va à l’encontre d’une bonne gestion du risque.
M. Jhon Fonseca, Vice-ministre du commerce international du Costa Rica, a souligné que les pays en développement continuent à être pénalisés au niveau de leurs infrastructures numériques et des solutions de paiement électronique, et que de ce fait le e-commerce va probablement continuer à se développer de manière significative. Mme. Susanne Aigner, Chef de la Législation douanière à la DG TAXUD (UE), a fait remarquer que c’est seulement dans l’Union européenne que le e-commerce affiche une hausse annuelle de 20 %.
En ce qui concerne les mécanismes d’échange de données, le Secrétaire général de la TIACA, M. Vladimir Zubkov, a expliqué que la question de la confiance restait toujours soulevée car toutes les parties n’appliquent pas les mêmes règles et réglementations en matière de confidentialité et de protection des données. Quelques exemples intéressants de projets de partage de données sont évoqués, comme l’accord conclu entre les douanes et la poste en Slovénie. On a insisté sur le fait qu’une voie possible pour l’avenir pourrait être l’exécution par la poste de certaines des tâches des douanes. Mme Michiko Lloyd, Vice-présidente des opérations sur la zone EMEA (Europe, Proche et Moyen-Orient et Afrique) chez Integration Point, a expliqué que le respect des exigences relatives aux données normalisées par toutes les administrations douanières pourrait nettement améliorer la qualité des données et les capacités d’analyse.
Les intervenants autour de cette table ronde de haut niveau ont également expliqué que le e-commerce pourrait modifier de façon radicale les opérations d’importation et d’exportation et que les capacités du “cloud” seront beaucoup plus largement utilisées. L’impact potentiel de l’impression 3D a également été évoqué car elle pourrait modifier totalement la logistique.
La technologie de la chaîne de blocs a suscité une attention particulière dans une autre session qui rassemblait des représentants des douanes de Singapour, de l’Agence nationale du Registre public de Géorgie, du secteur privé (IBM and Humaniq), ainsi que du monde universitaire (Université de recherche de Wageningue , Pays-Bas). Cette technologie est reconnue comme étant un excellent outil pour améliorer la cyber-sécurité en établissant un réseau de confiance. Elle peut contribuer à l’authenticité des données relatives aux importations et aux exportations le long de la chaîne de valeur et, selon les orateurs, elle peut transformer totalement la chaîne de valeur. Pour M. Georges Al Medawar ( Humaniq), nous vivons actuellement ce qui se passait dans les années 1990 au moment du développemet de l’internet. Les orateurs ont débattu de l’utilisation de la technologie de la chaîne de blocs dans le secteur bancaire, l’agroalimentaire, la gestion de la chaîne logistique et l’enregistrement des propriétés. Avec la chaîne de blocs, il est impossible de supprimer, modifier ou réécrire des données stockées ou de les manipuler de manière illégale. Cette technologie permet d’améliorer l’efficacité et la transparence des chaînes logistiques mondiales en autorisant l’accès à des événements majeurs en matière d’envoi, de les sécuriser et de fournir des flots de travail en documents numérisés à tous les participants de la chaîne logistique permettant de réaliser des économies de 10 %, comme le suggère IBM.
La session consacrée au Guichet unique a également attiré beaucoup d’attention lorsque l’on sait qu’il représente un autre engagement au titre de l’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges, qui est entré en vigueur en février 2017. Les participants ont débattu des questions de gouvernance et ont examiné comment veiller à ce qu’un système de guichet unique puisse réellement faciliter les échanges commerciaux. Les données ont un rôle critique et les normes de données comme le Modèle de données peuvent être utiles. Les orateurs ont néanmoins souligné que les nombreuses normes et les guichets uniques qui se multiplient pouvaient être un obstacle à la facilitation des échanges. En effet, le secteur privé travaille avec ses propres normes de données et les données réglementaires ont leurs propres normes; la difficulté est de rapprocher ces deux catégories de normes afin que les systèmes comprennent les mêmes données de la même façon. Un intervenant explique que plus les données fournies par les opérateurs commerciaux sont nombreuses et fiables, plus rapides sont les opérations de dédouanement. Un autre explique que la création d‘un “pipeline” de données et l’utilisation de données de qualité provenant de bons fournisseurs en temps opportun sont essentielles.
Dans le cadre des discussions sur les mégadonnées, l’extraction de données et l’analyse prédictive, il a été mentionné que les données ne sont pas nécessairement la recette miracle ; ce qui importe est ce que l’on fait avec les données et aussi de fournir des informations précises en temps utile. Les données d’entreprises internationales peuvent aider à évaluer le risque mais elles doivent être associées à des informations et à des données douanières internes.
Au cours de cette session, les participants ont partagé quelques exemples de capacités pouvant contribuer à l’émergence d’une douane intelligente axée sur les données. Cela inclue, par exemple, la cartographie de données provenant de diverses sources, l’apprentissage automatique pour développer le modèle de prévision de classement, etc.
D’autres sujets ont également été abordés comme la gouvernance des données, la sécurité des données, la confidentialité des données, la gestion de la chaîne logistique intégrée, etc.
Les délégués présents à cette conférence-exposition ont également eu la possibilité d’écouter un certain nombre d’orateurs de haut niveau qui se sont exprimés sur certaines des dernières tendances et solutions disponibles en matière de TI en vue d’améliorer la gestion des frontières et de la chaîne logistique. On trouvera un complément d’information sur tous ces sujets et sur toutes les autres sessions et les présentations, sur la page Événements de l’OMD en suivant le lien : https://www.eiseverywhere.com/ehome/itc2017/574209/ ainsi que sur le site Internet de la conférence (Rechercher 2017WCOITC).
Pour un programmes vidéo général de la Conférence & Exposition OMD 2017 sur la TI qui comprend des entretiens avec un certain nombre d’orateurs, visiter: https://www.eiseverywhere.com/ehome/itc2017/482334/
Pour un complément d’information sur l’ouverture de la conférence, visiter : http://www.wcoomd.org/en/media/newsroom/2017/june/the-power-of-data-2017-wco-itc-launches-discussions-on-latest-it-trends.aspx
Tweets relatifs à cette Conférence & Exposition : @2017WCOitc et #2017WCOitc sur Twitter.