Le commerce illicite des espèces sauvages reste l'un des crimes les plus répandus à l'encontre de l'environnement et des populations, les dépouillant de leurs moyens de subsistance et privant les États de ressources essentielles. Depuis 2011, au travers de son Programme sur l'environnement, l'Organisation mondiale des douanes (OMD) s'emploie à renforcer la capacité de ses Administrations membres à lutter contre le commerce illicite des espèces sauvages.
Dans le cadre des mesures prises en faveur d'une gestion plus intégrée des frontières et d'une coopération plus étroite entre les Administrations membres, au titre de la lutte contre la fraude, le Projet INAMA de l'OMD a poser des bases solides pour le lancement d'activités répressives conjointes et d'initiatives contre le commerce illicite d'espèces sauvages.
À ce jour, plusieurs "formations de formateurs" et ateliers d'accréditation ont été organisés dans le cadre dudit projet, de même que des ateliers régionaux sur le renseignement et la gestion des risques, la planification des opérations, les cadres institutionnels et organisationnels permettant de traiter les problèmes liés au respect de la CITES. En toute logique, l'étape suivante consistait à réunir les Membres ayant participé à ces ateliers pour mener une opération conjointe Police/Douanes afin de tirer parti des connaissances acquises.
Une opération de lutte contre la contrebande d’espèces sauvages, baptisée Opération PRAESIDIO, a été lancée dans le cadre du Projet INAMA, avec le parrainage du Département d’État (INL) des États-Unis. Des Membres d’Afrique francophone et anglophone, ainsi que de l’Asie du Sud-Est y ont pris part et, bien que n’étant pas bénéficiaires du Projet INAMA, le Bureau anti-contrebande de la douane chinoise et la douane de Hong Kong, Chine, se sont associés à l’opération en finançant eux-mêmes leurs activités.
L’opération a bénéficié du soutien de plusieurs services de police et d’INTERPOL, en sa qualité de membre du Consortium international sur la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC). Qui plus est, pendant l’Opération PRAESIDIO, les Administrations membres ont pu compter sur l’aide opérationnelle du Programme de contrôle des conteneurs (PCC) OMD-ONUDC et du Projet AIRCOP.
Pour se préparer à l’opération, les Membres participants ont conçu une matrice globale des risques liés au trafic d’espèces sauvages, regroupant des indicateurs de risque. Les points communs qui ont ainsi pu être mis en lumière ont servi de fil conducteur dans les opérations organisées par les Membres. Cette matrice est un « document évolutif » que les Membres seront appelés à mettre à jour après l’opération. Elle devra être actualisée tous les trimestres avec l’aide des Bureaux régionaux de liaison chargés du renseignement (BRLR).
L’opération s’est déroulée en trois phases. La phase pré-opérationnelle comprenait une réunion préparatoire organisée au siège de l’OMD à Bruxelles, les 10 et 11 janvier 2019. La phase opérationnelle s’est déroulée du 4 février au 3 mars 2019. Enfin, à l’issue de l’opération, une réunion de clôture a été organisée au Centre de formation régional de l’OMD à Melaka (Malaisie), les 21 et 22 mars 2019, avec l’aide du Département de la douane royale de Malaisie.
Les activités réalisées au titre de l’Opération PRAESIDIO ont eu des répercussions directes sur 41 pays à travers le monde. Elles ont débouché sur 267 saisies et 125 arrestations. Ce sont des chiffres importants compte tenu du fait que seuls 27 pays participaient à l’opération (Angola, Botswana, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Côte d’Ivoire, République du Congo, Gabon, Ghana, Kenya, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigeria, Ouganda, Philippines, République démocratique populaire lao, Sri Lanka, Tanzanie, Thaïlande, Togo, Vietnam et Zambie, plus la Chine et Hong Kong, Chine).
« L’OMD reste attachée au déploiement d’activités de lutte contre la fraude qui visent à assurer la sécurité de la chaîne internationale de distribution et empêcher le commerce illégale d’espèces sauvages», a dit le Secrétaire Général de l’OMD, Mr. Kunio Mikuriya. « L’Opération PRAESIDIO a clairement démontré que favoriser la coopération opérationnelle avec nos partenaires de la police apporte des résultats qui vont au-delà de la saisie de biens, conduisant à des arrestations et des investigations importantes qui ont un impact réel sur la criminalité transnationale organisée », a-t-il ajouté.
Les saisies opérées sont impressionnantes: près de 4 tonnes d’ivoire, 783 pangolins, 866 kg d’écailles et d’organes de pangolin. De très nombreux reptiles figurent également parmi les espèces interceptées (dont 4 819 tortues marines et terrestres, 1 521 serpents ratiers, 296 pythons, 91 cobras et 64 caméléons), ainsi que des produits toujours très demandés, parmi lesquels 43 kg de cornes de rhinocéros, 145 kg d’ailerons de requin et 113 perroquets vivants. En outre, les Membres ont déjoué plusieurs tentatives de contrebande portant sur 29 tonnes de bois de santal rouge et 5 318,4 mètres cubes plus 311 buches d’essences diverses.
Même si l’Opération PRAESIDIO est terminée, les Administrations membres continueront à collaborer avec les services de police, le cas échéant, et veilleront à ce que les arrestations et les enquêtes en cours soient suivies de poursuites judiciaires. Ce suivi contribuera au démantèlement des réseaux criminels, qui est l’un des principaux objectifs de l’opération.