Le 28 septembre 2021, dans le cadre de la Convention européenne annuelle des chefs de police (CPAC), l’Agence européenne de coopération policière (Europol) organisait une réunion en ligne pour les Directeurs généraux des services douaniers. À cet événement participaient des Directeurs généraux des douanes de l’Union européenne (UE) et de pays tiers associés à Europol, ainsi que des représentants d’Europol, de la Commission européenne et d’autres organes de répression de l’UE, réunis pour discuter des deux thèmes suivants : «La coopération Europol-douane» et «L’échange de renseignements dans l’analyse des enquêtes et le profilage des risques douaniers», au titre de la coopération entre les services douaniers et la police.
À la suite des remarques introductives de Mme Catherine De Bolle, Directrice exécutive d’Europol, et de M. Boris Kastelic, représentant de l’Administration financière slovène, M. Kunio Mikuriya, Secrétaire Général de l’OMD, a prononcé une allocution liminaire, dans laquelle il y a souligné le rôle essentiel que joue la douane dans la fluidité des mouvements de marchandises et la sauvegarde de la chaîne logistique des médicaments et des vaccins, ainsi que son rôle dans la protection de la santé et de la sécurité des citoyens contre la menace que constitue le commerce illicite en situation de pandémie de COVID-19.
M. Mikuriya a rappelé qu’en 2020, l’OMD a mené les opérations STOP I et STOP II, en collaboration avec Europol, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) et d’autres partenaires. Ces opérations ciblaient le trafic illicite de médicaments et de fournitures médicales en lien avec la pandémie de COVID-19. Quant à la deuxième phase, elle couvrait également les vaccins contrefaisants et illicites. Ces opérations ont confirmé l’importance des échanges d’informations et de renseignements entre les services de lutte contre la fraude.
Plus récemment, Europol a également soutenu l’Opération GOALS contre le trafic illicite de drogues de synthèse. L’Opération Pandora est également un exemple récent de leur fructueuse coopération. Cette initiative conjointe de la douane et de la police, ciblant le trafic illicite de biens culturels, a été menée par la Garde civile espagnole, avec le soutien de l’OMD, d’Europol et d’Interpol.
Par ailleurs, le Secrétaire général a rappelé que l’OMD coopère également avec d’autres organisations et partenaires internationaux tels que le Secrétariat de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) avec qui elle lutte main dans la main contre le commerce illicite des produits du tabac. Dans le domaine de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), la coopération avec le Groupe Egmont s’est traduite par la publication conjointe d’un Manuel de coopération douane-CRF en mars 2020 et la mise en œuvre de programmes communs de formation. L’OMD a également développé sa coopération avec Interpol au travers de réunions de coordination régulières et d’opérations conjointes telles que l’Opération THUNDER 2020. Cette initiative mondiale transfrontalière d’un mois, qui réunissait la douane et la police, a abouti à d’importantes saisies d’espèces sauvages et de bois d’œuvre faisant l’objet d’échanges illégaux. Dans le cadre de la coopération OMD-OLAF, un système automatisé a été mis sur pied en vue du transfert de données entre le Réseau de lutte contre la fraude douanière (CEN) de l’OMD et le Système d’information douanier de l’OLAF (CIS+) et plusieurs activités opérationnelles ont été réalisées. L’OMD a également collaboré avec l’agence FRONTEX à qui elle a fait part de ses réflexions en vue de la publication du Manuel sur les armes à feu à l’intention des gardes-frontières et des douanes. Enfin, la coopération entre l’OMD et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) s’est traduite par l’élaboration du Programme conjoint de contrôle des conteneurs (PCC) actuellement déployé dans plus de 70 pays.
M. Kunio Mikuriya a poursuivi en soulignant l’importance d’une utilisation et d’échanges accrus de données et l’importance de l’interconnectivité des bases de données douane/douane et douane/police. Il a en outre rappelé l’accent mis par l’OMD sur le renforcement des capacités de ses Membres en matière de compilation et d’analyse de données. Voilà pourquoi l’OMD a développé plusieurs applications parmi lesquelles figurent la base de données des saisies du Réseau de lutte contre la fraude douanière (CEN), le système CENcomm de communication sécurisé, le Réseau douanier national de lutte contre la fraude (nCEN) qui permet aux Membres de l’OMD de recueillir et de stocker tous types de données de lutte contre la fraude et qui s’accompagne de modules de base pour l’analyse de données, ou encore le Système mondial d’évaluation et de ciblage des voyageurs (GTAS), qui peut être utilisé en tant qu’outil partagé par les douanes, les services de l’immigration et la police dans le cadre de leurs activités de ciblage des voyageurs aériens.
Les Bureaux régionaux de liaison chargés du renseignement de l’OMD ont apporté leur soutien à ces initiatives en assumant un rôle central dans le partage d’informations et de renseignements à l’échelle régionale et en offrant de la valeur ajoutée grâce à leur soutien opérationnel. Ils ont également procédé à l’analyse des renseignements et encouragé la coopération avec les Membres et d’autres organes de lutte contre la fraude à l’échelle régionale.
Se tournant vers l’avenir, M. Mikuriya a souligné la nécessité de traiter la question des ressources humaines dans les services douaniers et d’entretenir une «culture des données» au sein des administrations douanières. Il s’agit en fin de compte de créer un écosystème de données douanières, en tenant compte des vastes quantités de données douanières qui sont disponibles, mais souvent sous-utilisées. Le Secrétaire général a indiqué que l’OMD soutenait ses Membres en les encourageant à adopter une démarche plus prospective, axée sur les données et à appliquer le Cadre de renforcement des capacités en analyse des données. Par ailleurs, l’organisation propose des formations pour renforcer les capacités en matière de science des données et d’apprentissage automatique, ainsi que les compétences en programmation.
Pour conclure, le Secrétaire général a fait part de son soutien aux initiatives qui visent à promouvoir l’échange de données, mais qui impliquent aussi le partage d’évaluations des risques et de renseignements par l’acquisition de compétences avancées en analyse des données et par l’interconnexion des bases de données des douanes et de la police, ce qui devrait profiter à la coopération entre la douane et la police.