Environ les deux tiers des 2 600 saisies de drogue dans des conteneurs maritimes en 2023 et 2024 ont révélé l'existence d'un certain niveau de soutien de conspirateurs internes à une des étapes de la chaîne logistique. C'est ce qui ressort du rapport de l'OMD sur l'infiltration des chaînes d'approvisionnement du fret maritime, qui a ouvert la voie à la Conférence mondiale sur « une réponse collective pour protéger les chaînes logistiques maritimes contre les menaces criminelles », qui s'est tenue à l'OMD à Bruxelles.
Afin d'identifier des stratégies innovantes pour lutter contre cette menace omniprésente, le Projet sur l’intégrité de la chaîne logistique de l'OMD a collaboré avec le Conseil mondial du transport maritime (WSC) et l'Association internationale des ports et havres (IAPH) pour organiser une conférence réunissant plus de 70 parties prenantes issues des douanes, des forces de l'ordre, des gouvernements et du secteur du fret maritime, dans le but de renforcer la coopération internationale dans ce domaine très dynamique.
La conférence a permis de mieux comprendre les tactiques utilisées par les criminels pour exploiter les failles des systèmes légitimes de commerce maritime afin de transporter des marchandises illicites. Les participants ont pu entendre directement les représentants des douanes, des exportateurs, des transporteurs maritimes et des autorités portuaires maritimes parler des mesures qu'ils prennent pour protéger leur personnel, leurs actifs, leurs opérations, leur réputation et la société dans son ensemble. Une présentation de la Smart Container Alliance a permis de découvrir les dispositifs de sécurité intelligents modernes et leur contribution à la sécurité et à la sûreté du transport de marchandises conteneurisées. En outre, l'Asociatión de Exportadores de Banano del Ecuador (AEBE) a fait une présentation sur les mesures de sécurité prises par ses membres, de la ferme au port, pour protéger les expéditions de bananes contre la contamination par des stupéfiants.
Les panélistes ont souligné la nécessité pour toutes les organisations, tant publiques que privées, impliquées dans la chaîne logistique maritime de reconnaître la grave menace que représente le crime organisé, quels que soient leur rôle, leur taille et leur emplacement. Ils ont également insisté sur la nécessité de collaborer et ont souligné que l'établissement d'un dialogue continu entre les acteurs de la chaîne logistique et les organismes chargés de l'application de la loi au-delà des frontières permettrait aux différents acteurs d'apprendre ensemble des opérations et des besoins des uns et des autres, créant ainsi des opportunités pour améliorer leurs modèles opérationnels respectifs.
Des approches visant à garantir le bon fonctionnement de ces partenariats et les enseignements tirés des initiatives existantes ont été présentées. Plusieurs intervenants ont souligné la nécessité d'organiser des discussions spécifiques entre les services chargés de l'application de la loi et l'industrie sur l'identification et le partage rapide des données qui apporteront une valeur ajoutée pour cibler les conteneurs contaminés et compromis. L'analyse conjointe après incident et des réunions de coordination régulières pour partager des informations sur les questions et préoccupations émergentes ont été mentionnées comme des bonnes pratiques. Sur le thème des bonnes pratiques, la conférence a également vu l'OMD et l'IAPH publier leurs Directives conjointes actualisées sur la coopération entre la douane et les autorités portuaires, incluant les contributions du WSC.
Les transporteurs maritimes, les exportateurs, les représentants des ports et la Fédération des compagnies et terminaux portuaires privés européens (FEPORT) ont également discuté des limites de certaines des mesures qu'ils prennent, telles que la protection du personnel, la vérification des antécédents ou les procédures de licenciement, ainsi que de la nécessité d'un soutien gouvernemental pour améliorer leur efficacité
Il a été rappelé aux participants que l'OMD a récemment adopté la Directive sur les réponses des douanes aux demandes d’informations émanant du secteur privé, qui préconise la mise en place de points de contact uniques au sein des administrations douanières, la communication en temps opportun d'informations aux auteurs des signalements et la réalisation régulière d'analyses post-incident. Il s'agit là de mesures concrètes qui contribuent à transformer les signalements en enseignements et à améliorer la prévention sans compromettre les enquêtes ni le flux commercial efficace qui est essentiel à nos économies.
Comme prochaine étape, l'OMD a invité les participants à présenter des propositions ou des suggestions en lien avec un thème central et récurrent de la conférence, à savoir le renforcement du partenariat public-privé et la promotion de chaînes logistiques résilientes grâce à l'échange d'informations et de données. Le Projet sur l’intégrité de la chaîne logistique de l'OMD présentera un résumé de la conférence et des propositions reçues au prochain Comité de lutte contre la fraude de l'OMD en mars 2026, en vue de renforcer encore les capacités des administrations douanières et d'approfondir la collaboration avec toutes les parties prenantes qui cherchent à préserver la sûreté et la sécurité des chaînes logistiques mondiales, de plus en plus vulnérables.